Dans ce petit exposé, je donnerai des instructions pour produire l’infusion la plus exquise, la plus médicinale et la plus appropriée à votre besoin du moment.
1. Infusion à froid: Laisser les herbes tremper dans l’eau froide pendant au moins 6 à 12h. Produit une infusion légère, extrait moins de principes actifs mais préserve mieux leur intégrité. Suggestion: écraser les plantes au mortier et/ou secouer régulièrement pour améliorer l’extraction.
2. L’ébouillantée: couvrir les plantes séchées d’eau bouillante, puis laisser infuser de 10 à 20 minutes. Une infusion plus simple, moins efficace qu’une ébullition graduelle. Suggestion: préchauffer et enrober d’un linge la théière ou le contenant pour de meilleurs résultats.
3. Ébullition graduelle (méthode recommandée): mettre l’eau froide et les herbes dans une casserole puis amener le tout à ébullition. Aux premiers bouillons, retirer du feu, couvrir et laisser infuser 5 à 10 minutes. Filtrer et consommer. Avantage: l’extraction est beaucoup plus efficace et préserve mieux les principes actifs en raison d’un moindre choc thermique. Désavantage: on doit surveiller l’infusion pour éviter de bouillir les herbes.
4. Infusion ultra-lente: mettre les plantes et l’eau froide dans une casserole ou une mijoteuse, laisser quelques heures (ou la nuit) à feu doux, sans bouillir. Au matin, on peut amener à ébullition (ou non), retirer du feu et consommer.
5. Décoction: Parfois, certains matériaux, comme les racines, les écorces, etc., demandent d’être bouillis un certain temps afin d’extraire les principes médicinaux. La décoction consiste à bouillir la plante entre 2 et 60 minutes et plus. Exemple: le chaga doit être bouilli et re-bouilli pour libérer ses principes actifs.
Selon la nature du matériau végétal: feuille, fruit, racine? La règle d’or: plus la plante est dense et dure, plus la chaleur requise est intense et prolongée.
Chaque mode d’infusion extrait un spectre moléculaire différent, et la chaleur volatilise, extrait, dénature et dégrade une partie des principes actifs. En connaissant l’effet de la chaleur sur les différentes classes de molécules, on peut choisir le mode d’infusion qui les extrait le plus efficacement.
Par exemple, une menthe non-bouillie contiendra surtout les principes aromatiques volatils, alors que si elle est bouillie, elle contiendra d’autres principes actifs. Les huiles volatiles s’évaporent plus facilement que la chlorophylle ou les sucres, qui en plus sont enfouis dans les cellules, alors que les principes aromatiques sont produits dans des poils glanduleux à la surface des parties aériennes. Toutes ces données influencent le choix d’infusion et il appartient à l’apprenti-infuseur de se familiariser avec ses matériaux!
La température du breuvage influence son absorption et son action dans le corps. C’est un sujet vaste que je ne détaillerai pas ici, mais qui est ouvert à plein d’expérimentation. En période hivernale, j’ai personnellement plus tendance à consommer chaud que froid, et parfois, je me prépare une grosse marmite d’infusion, dont le surplus ira au frigo pour être consommé dans les 3 jours. C’est une façon simple de faire des réserves, réduire les pertes et essayer les remèdes en version réfrigérée.
ENVELOPPEMENTS, COMPRESSES, BAINS
Outre que de boire l’infusion, on peut aussi se l’appliquer sur la peau, sous forme de compresse, cataplasme, bain d’yeux, bain de siège, etc. La peau est un organe qui absorbe tout autant que les muqueuses digestives, il est donc indiqué de s’appliquer nos remèdes en externe. Lorsque j’ai de grosses quantités d’une plante ou des stocks qui vieillissent, je me prépare une grosse décoction que je vide dans le bain avant d’y entrer, et je m’en mets quelques tasses de côté pour les déguster pendant mes ablutions.
Au final, chacun a des goûts, préférences et besoins uniques, et c’est en essayant que vous découvrirez ce qui fonctionne le mieux entre vous et les plantes que vous consommez… Chaque méthode d’infusion a ses particularités et mérite d’être expérimentée, pour vous livrer des secrets que vous ne soupçonniez pas… N’oubliez pas de donner vos restes d’infusions à vos plantes; même fermentées, elles en raffoleront!
Herboristes… à vos marmites!!!
©Étienne Bovo 2023 etienne@etiennebovo.com